Nous vous avions quittés après cette délicieuse petite soupe a Huay Xai. Le lendemain matin, je me lève malade comme un chien (un lien avec cette fameuse soupe ? le mystère reste entier car Pierre pete le feu, lui….) Bref, nous avions dans l’idée de remonter vers le nord pour s’enfoncer dans les montagnes ou vivent de nombreuses ethnies minoritaires. Donc direction Luang namtha ou nous passerons la nuit.
Nous voulions faire un trek par ici, mais nous entendons dire que pour plus d’authenticité, il faut se rendre a Muang Sing, a 60 km plus au nord, en plein milieu du triangle d’or, a une dizaine de km de la frontière chinoise et birmane. Cette ville est apparemment très peu visitée par les touristes. Nous prenons donc un bus le lendemain, 2heures séparent L.Namta de Muang Sing il nous faudra pourtant plus de 5 heures pour arriver a destination, la pluie ayant rendu le chemin boueux, un camion s’est embourbé… Ah oui, on allait oublier de vous dire, depuis que nous avons franchis la frontière, il ne fait que pleuvoir. Le moral est donc un peu en berne de mon coté, je ne peu rien avaler depuis plus de 24 heures, crevée par les transports, découragée par la pluie, heureusement Pierre tente tant bien que mal de motiver les troupes. Nous arrivons a Muang Sing, la ville ou il y a si peu de touristes, et on comprend pourquoi, il n’y a absolument rien à faire, entre les deux guesthouse miteuses de la ville on choisi la miteuse ;) La c’est le coup de grâce, toilettes turques, chasse d’eau manuelle au seau d’eau, douche a la bassine et cloison en papier a cigarette. AAAAaahhhH ! Il faut que je pleure un coup. Une fois calmée, on arpente l’unique rue de la ville pour trouver une agence de trekking. Ca va vite, il n’y en a que deux. Nous nous inscrivons pour un trek de deux jours, au programme randonnée dans la jungle et nuit dans une tribu Akha au cœur de la montagne.On appréhende un peu la météo mais on prend le risque. Aussitôt la réservation faite, une pluie diluvienne s’abat sur nos têtes. AAahhH ! Je vais repleurer un coup, ca ira mieux après ? Hein Pierre ca ira mieux après ? Pauvre Pierre, dans ces cas la, je lui pose des tas de question, comme si il détenait la vérité et allait trouver une solution a tout…
- Pierre, tu crois que la pluie va s’arrêter ?
- Pierre, s’il pleut trop, on va patauger dans la boue demain non ?
- Pierre, tu crois qu’il fait froid dans les montagnes ?
- Pierre je veux plus y aller…
La pluie s’arrêtera finalement de tomber vers 2 heures du matin. On retrouve le gars de l’agence a 8 heure, ce n’est pas lui qui vient avec nous mais un guide en carton de 21 ans qui allligne péniblement deux mots d’anglais. Ca commence bien, et encore, ce n’est que le début !
Journée 1 : Survivor trek, ou le trek de l’enfer.
La première journée de marche devient vite un enfer, 6h30 de marche dans la jungle, dont 4 heures passées sur le cul tellement le terrain est glissant. On se demande même si on ne s’est pas trompés en réservant un trek survivor. Donc je râle, je tombe, je pleure un peu, je retombe.
Vient le moment ou il faut traverser une rivière, pas de pont bien sur,ca aurai été trop facile, on y va a pied, avec de l’eau jusqu’aux cuisses (Petit rappel, nous sommes dans les montagnes, il fait donc très froid la nuit, et nous n’avons pas de pantalon de rechange) Pierre garde son sang froid, moi j’ai perdu le mien il y a déjà 2 jours ! Puis c’est au tour de Pierre de se casser la gueule, une fois , deux fois, trois fois, en plus nous marchons constamment dans une végétation dense, si dense que Pierre a du mal a passer a travers les feuillus avec son sac et que l’on ne vois absolument rien au paysage. S’en est trop pour lui, entre moi qui ne cesse de râler, notre guide bidon qui sert a rien et son sac qui n’arrête pas de s’accrocher aux ronces… Ca y est, c’est a son tour de râler, du coup, ben j’me calme un peu.
Notre ''guide'' ( tout droit sortit d'une sitcom asiatique) qui nous confectionne des baguettes pour manger:
Petit lavage de mains avant de passer a table:
Nous mangerons une salade de gras de jambon... MMmmh yummy ;(
Apres 6h de calvaire, on arrive enfin au sommet sur un chemin praticable, plus que 30 min et nous arriverons au village. Le temps est au beau fixe, on s’en été pas rendu compte avant.
L’arrivée au village, c’est enfin la récompense, c’est MAGNIFIQUE, les petites maisons de bambou sont nichées au cœur de la montagne. Ici, ils reçoivent très peu de touristes, peut être 2 a trois fois dans le mois, et on sent la différence, les gens sont beaucoup plus intrigués et les enfants très timides. . Originaires du Sud de la Chine et du Tibet, les Akhas forment une minorité montagnarde longtemps considérée comme "primitive". Ils aiment la montagne, vivant souvent à plus de 1000 m d'altitude et sont de fervents animistes, se méfiant des mauvais esprits. Dans la société akha c'est la femme qui travaille, descendant souvent à la ville pour vendre l'artisanat. Le premier contact est plutôt difficile, la barrière de la langue n’aidant pas (notre guide ne parle pas le Akha) nous n’avons donc aucun moyen de nous faire comprendre. Nous échangeons donc quelques Sabaidi (bonjour en laotien) et quelques sourires. Le chef du village nous accueillera dans sa propre maison pour la nuit. En attendant, on se ballade un peu, on va faire un brin de toilette au puit du village.
Tout le monde nous regarde comme si nous venions d’atterrir d’une autre planète. C’est plutôt rigolo, quand je m’apprête à entrer dans la ‘’douche commune’’ tout le monde s’arrête de se laver pour me regarder faire ;) C’est alors au tour de Pierre, il est le seul mec, les hommes étant encore dans les champs . Apres ce petit rafraichissement, on continu notre petite visite. Je demande la permission pour prendre des photos, mais j’essuie plusieurs refus. Les femmes surtout n’aime pas se faire photographier. Je me contenterai donc de quelques clichés de loin. C’est dommage que l’on ne puisse pas partager avec vous tout ce que l’on a pu voir.
Ce village est complètement typique, les femmes battent le riz, des multitudes d’enfants jouent autour de nous, les gens sont beaux…
Le chef du village et ses petits enfants:
A droite, le coin cuisine:
Notre visite terminée, on retourne à la maison. Il nous faut trouver un moyen pour briser la glace. J’ai donc eu la lumineuse et douloureuse idée de m’exploser un doigt de pied sur un rondin de bois. Et ca a marché ! Mon doigt de pied était bien explosé, et les habitants se sont attroupés autour de nous pour venir vois la fareng (étrangère) estropiée. La scène était plutôt inhabituelle, moi essayant de ne pas pleurer face a tous ces enfants qui me regardaient, mon doigt ensanglanté et mon ongle pendant… (J’aurai bien fait une photo en mode macro avec mon nouvel appareil photo pour vous montrer….)
Du coup le chef du village en personne vient pour me soigner. Il commence par m’appliquer une boulette d’opium sur mon ongle arraché, jusque la c’est bizarre mais ca peu aller puis il crache sur sa boulette et m’applique donc son crachat opiacé sur le pied, je n’ose trop rien dire… sauf a Pierre bien sur :
- Aie Pierre ca fait mal ! Pu…. il me crache sur le pied, IL ME CRACHE SUR LE PIIIED !!!!!
5 min plus tard, je ne sens plus rien, je ne saurai vous dire si c’est le crachat opiacé qui fait son effet ou bien si mon pied a déjà commencé à nécroser…
Du coup, la glace est brisée, les gens restent autour de nous, les enfants me regarde d’un air compatissant. En fait, il faut savoir donner de sa personne pour attirer la sympathie. La soirée se passera très bien malgré notre communication un peu limitée. Nous aurons droit a un massage qui selon nous était plutôt une séance de torture mais au point ou on en est… et nous nous coucherons dans le hall d’entrée, crevés par cette éprouvante journée. Ah et ou sont les toilettes s’il vous plait ? ben, tu vas dans la foret…ok, pas intérêt d’avoir envie d’y aller en pleine nuit !
Notre chambre pour la nuit:
Le lendemain, nous reprenons la route, en boitant. Le chemin est beaucoup plus facile et nous dominons les montagnes, enfin ! 4 heures de marche plus loin, nous arriverons a un autre village ou nous attend un tuk tuk pour nous ramener a Muang Sing. Sur notre chemin, nous croiserons bon nombre de femmes remonter avec des paniers chargés qui reposent sur leur tête et leurs épaules. Elles partent pendant la nuit pour arriver au marché le matin et repartent après…
Petite pause canne a sucre pour reprendre des forces:
Nous croiserons également beaucoup d'enfants sur la route:
Un moyen de transport local ( un motoculteur tuning)
Dans le village ou nous attendons le tuk tuk, les enfants ne sont pas farouches et se pretent au jeu des photos, ils en redemandent meme! En fait ils adorent se voir sur l'écran.
Attention le petit oiseau va sortir ;)
Petite anecdote : pendant que je me fait un pansement de fortune a l’arrêt des bus, un papi me regarde faire avec beaucoup de curiosité. Il fini par relever son pantalon pour me montrer son bobo. Il a deux petite croute sur le genou… apparemment, il veut que je fasse quelque chose pour lui, en bonne infirmière que je suis, je lui fait un pansement trois temps : biseptine, séchage PQ, hansaplast . Pour nous remercier, il nous propose un peu d’opium… ( que nous refuserons) Ils ont le sens du troc au Laos ;)
A bientot pour de nouvelles aventures!